heaven for everyone | ewan

BEFORE THE STORM
T'es né la tête pleine de rêve, fier de ce que t'allais devenir. Ta famille elle a toujours été douce avec toi, en amour d'un gamin qui allait faire de grandes choses. Tu voulais être astronaute quand t'étais môme, tu avais toutes les chances de ton côté. Mais tu as jamais été assez intelligent pour eux, incapable de faire des foutus maths parce que ton esprit refuse d'additionner 368+749 en moins de cinq secondes. Mais c'est pas grave, c'est pas grave t'en as jamais voulu à ton propre cerveau, t'as fais autre chose de ta vie. Puis t'avais l'aide de ta famille, celle de ton frère, Edward, t'avais ta mère et ton père pour t'aider et te soutenir. Tu avais 17 ans quand t'as décidé que tu serais pilote parce que t'avais les conditions, t'étais pas si bête, t'étais seulement pas le meilleur. C'est dans la même année que tu rencontres ta femme, ex-femme. Elle est belle, blonde, douce et beaucoup trop guerrière pour ton propre bien. T'as souvent perdu les bras de fer contre elle, mais faut pas le dire trop fort, tu tiens encore à ta réputation.

Tu rentres dans l'armée quelques années plus tard, après que t'ai eu ton diplôme, que tu ais directement un rang. Bon dieu que t'aimes ce boulot, t'aimes la droiture, t'aimes à chercher les limites, simplement pour en ricaner après. C'est un métier qui te tient à coeur et même si t'aurais bien aimé aller dans l'espace, tu survivras avec la tête dans les nuages. Sybil, ta femme, elle est magnifique, tu la demandes en mariage alors que vous n'êtes ensemble que depuis deux ans, elle accepte ta situation, elle accepte ton métier. Et t'as 25 ans, tu reçois son appel, plein de joie comme une enfant lorsqu'elle te lance qu'elle est enceinte, ta permission suivante, tu la passes à la cajoler. Vous continuez comme ça pendant 10 ans, c'est la même situation lorsqu'elle t'appelle pour sa seconde grossesse. Mais tu commences à fatiguer à ne plus voir ta femme, ne plus voir tes enfants. Lorsque tu fais la demande pour passer en formateur, c'est avec plaisir qu'on te la donne, validant ton déménagement de la même façon. T’as un ami avec toi, un mec qui t’as jamais quitté. Tim, compagnon d’arme bien plus important que ton frère de sang.

On a du respect pour toi, t'as de l'amour pour tes gamins, mais... plus d'amour pour ta femme. T'es heureux de la voir, toujours heureux, mais tu te sens bizarre lorsque vous partagez un moment intime. T'es plus amoureux, lorsque tu la regardes, tu vois plus qu'une meilleure amie. Et lorsque tu mets le sujet sur la table, t'es heureux de voir que le sentiment est partagé. Vous êtes d'accord sur le divorce, vous êtes d'accord sur les enfants, t'es heureux de voir que ça fonctionne de cette manière. Si seulement t'avais été là pour eux au début de la fin..


DURING THE STORM
Oh. Le monde vous tombe sur la tête Ewan. Votre société va tomber en lambeaux bien plus vite qu’elle n’a pris de temps pour se construire. T’es loin d’eux lorsque les premiers morts reviennent à la vie. T’es loin de ta famille, t’es en station en Géorgie, tu bosses avec des petits gars, pas sûr de savoir si les choses vont bien se passer comme ça. Mais vous faites un effort. T’assistes au retour des morts parmi les vivants sans savoir ce qu’il se passe. Tu vois les gars ne pas comprendre. Ce serait mentir que de dire que tout se passe fluidement. Mais très vite vous reprenez le contrôle, trois jours plus tard vous êtes en place à Peachthree City.

Témoin de l’anarchie, tu vois ceux qui se révoltent, tu vois les gens qui fuient, qui tentent de retrouver une vie normale. Mais il n’y a pas de normal lorsque la lunette de ton fusil est posée sur le crâne de quelqu’un qui marche vers toi lorsque tu viens de lui tirer trois balles dans le torse. Nan, tu peux pas en vouloir à ceux qui fuient, t’as eu Sybil au téléphone, main tremblante, tu sais pas comment t’as eu la chance d’avoir un réseau qui fonctionne, non saturé. «Reste à l’abri.» «Rien ne leur arrivera.» «Je suis à Peachthree City.» «Très bien.» «Je t’aime.» «Je- t’aime aussi.» Platonique, comme la ligne quelques instants plus tard. Tu sais pas où ils sont actuellement, mais tu sais qu’elle te les amènent en sûreté. Tu lui dis de rester à l'abri mais tu sais très bien qu'elle va sauter dans une voiture.

T'es celui qui tue Tim. Parce que t'es celui qu'est avec lui jusqu'à ce qu'il revienne. T'as la main dans la sienne. C'est ton pote, c'est ton ami, c'est ton frère. T'as le droit de pleurer et bon dieu que tu pleures lorsque tu vois ses yeux vitreux et l'envie qu'il a de t'arracher la jugulaire. T'es celui qui vient lui enfoncer une lame dans le front. Dès le lendemain les larmes sont séchées, ses plaques sont autour de ton cou et la photo de lui dans ton portefeuille, aux côtés de celles de tes enfants.

Tu marques un visage dur parce que tu peux pas te permettre de voir les choses dégénérées alors que votre groupe semble tenir depuis un mois seulement. Vous ne pouvez pas voir la communauté se descendre. Alors t’assumes ta place, tu prends les devants, viens faire des exemples même si t’as la bile au fond de la gorge. T’aimes pas particulièrement être méchant envers une population qui le mérite pas, t’as fais ce métier pour aider les autres, pas pour les voir se faire traîner dans la boue. Mais tu te rends compte des impératifs, alors tu hoches la tête et tu fermes ta gueule.